Rien ne sert de courir, il faut décélérer à point !
Chères toutes et chers tous,
L’été arrive et les vacances se profilent à l’horizon pour bon nombre d’entre nous.
Certains pensent déjà aux après-midis à flâner au soleil, au temps passé en famille ou entre amis et aux moments de repos bien mérités après une dernière période de travail intense.
Mais avant de se la couler douce, il faut boucler tous les projets en cours ! Ce qui peut rendre ce mois de juin aux atours de lumière particulièrement stressant et éprouvant. Partir en congès l’esprit libre, c’est le Graal. Aussi a-t-on tendance à accélérer le rythme quitte à s’épuiser sur la dernière ligne droite. Qu’importe le surmenage, puisque les vacances arrivent ! On aura tout le temps de se reposer par la suite…
Mais attention, ce système sous tension est insidieux et une menace pour nos équilibres.
D’abord, les vacances ne se révèlent pas toujours aussi relaxantes que nous l’avions imaginé. Le sociologue Hartmut Rosa l’évoque dans son ouvrage Accélération : une critique sociale du temps : l’expérience majeure de la modernité est celle de l’accélération. Même pendant les vacances, tout va trop vite, trop fort. Nous sommes toujours confrontés à de nouvelles urgences, à l’envie de « remplir » nos journées, de multiplier les expériences vécues pour ne pas avoir l’impression de « perdre notre temps », quitte à privilégier la quantité à la qualité. L’adrénaline s’érige ainsi en hormone maîtresse d’une époque happée par l’injonction à la vitesse.
« La vitesse est la forme d’extase dont la révolution technologique a fait cadeau à l’homme. » Milan Kundera
La lenteur est pourtant nécessaire à l’assimilation et à la mémorisation de nos expériences. Né dans les années 1980, le mouvement contre-culturel de la « slow life » (ou « slow living ») prône le ralentissement de nos modes de vie en nous invitant à profiter de l’instant présent en pleine conscience de notre environnement, de nos actions et de nos émotions. Lorsque nous allons trop vite, nous avons tendance à vivre nos expériences en surface sans prendre le temps de les explorer en profondeur. Comme le souligne Carl Honoré dans son Éloge de la lenteur, adopter un rythme apaisé qui laisse notamment place aux moments de contemplation nous garantit une meilleure assimilation de nos expériences et en favorise la richesse. C’est également l’idée que défend Milan Kundera dans son roman La Lenteur en 1995. Selon l’auteur prodige, notre mémoire s’imprègne de nos plus beaux souvenirs lorsque nous parvenons à ralentir jusqu’à parfois suspendre le temps.
Par ailleurs, prendre des vacances après une période de travail acharné revient parfois à tomber malade. Chercheure en neurosciences, Catherine Raymond nous explique qu’en période de stress, notre cerveau primitif se sent menacé et envoie à notre corps l’information de nous protéger. Les glandes surrénales produisent alors de l’adrénaline et du cortisol, et le système immunitaire se renforce ; c’est la raison pour laquelle nous tombons rarement malades lorsque nous sommes plongés dans les dossiers qui nous tiennent en haleine ou que nous faisons face à des périodes d’examens. Mais quand la “menace” disparaît aux yeux de notre cerveau, notre système immunitaire s’affaiblit à mesure que chute notre stress, et nous pouvons nous retrouver en situation de vulnérabilité.
Donc la décélération doit se faire en douceur ! Et cela s’apprend.
Lâcher prise revient à prendre du recul en amorçant sa décélération progressivement. Pour y parvenir, il est recommandé de réduire la pression graduellement, et d’éviter cette logique du « Je me reposerai bien une fois que je serai en vacances ». Si vous en avez la possibilité, prenez votre temps pour accomplir vos dernières tâches et n’accumulez pas de nouvelles charges de travail.
Enfin, les livres sont de précieux alliés pour vous aider à décélérer et vous préparer à la coupure de l’été. Parmi leurs nombreux bienfaits, il a été prouvé que six minutes de lecture immersive par jour suffisent à réduire le stress de 68 %.
Les livres de fiction nous autorisent des escapades dans des contrées imaginaires, précieuses lorsque le quotidien nous étouffe. Alors n’hésitez pas à prendre chaque jour quelques minutes pour savourer un livre ! Profiter de ces instants où l’histoire vous transporte et le temps s’arrête. Et si vous êtes en mal d’inspiration pour vos lectures, essayez notre moteur de recherche émotionnel qui dégottera pour vous des livres adaptés à vos envies du moment !
Nous vous souhaitons un mois de juin de décélération et de riches lectures.
Comme toujours, vos retours sont les bienvenus.
🎙L’Interview Émotions : Bruno Combes
Dans Il existera toujours un chemin, Bruno Combes raconte la rencontre de trois âmes blessées sur la route de Compostelle. Découvrez comment ces trois personnages parviennent à transformer leur vie et prendre leur envol.
© Pascal Ito
Né en 1962 à Bordeaux, Bruno Combes a suivi des études scientifiques avant de travailler dans l’industrie pharmaceutique. Passionné d’écriture depuis l’adolescence, il débute sa carrière d’écrivain en 2013 avec Les Amants de la bergerie. Son roman Seulement si tu en as envie paru en 2016 a rencontré un énorme succès.
1/ Si je vous dis émotions et littérature, à quoi pensez-vous ?
Les deux sont étroitement liés. Il n’y a pas de littérature sans émotion. La littérature doit faire naître en nous des sentiments. Une lecture fade, linéaire a peu d’intérêt.
2/ L’émotion que vous préférez voir chez quelqu'un ?
Il y en a deux : la joie et la surprise.
3/ Le livre qui a suscité chez vous le plus de :
Le Vieil Homme et la mer d’Ernest Hemingway.
Je l’aimais d’Anna Gavalda.
Les Âmes silencieuses de Mélanie Guyard.
La Vie a parfois un goût de ristretto de Laurence Vivarès.
Tous les livres « autocentrés » sur des personnages publics.
Un Arbre, un jour… de Karine Lambert.
4/ Un des moments les plus émouvants de votre vie de lecteur ou
d'auteur ?
Les retours de lectrices et lecteurs. C’est très émouvant et en même temps, j’éprouve une forme de peur d’avoir autant d’emprise sur la vie des gens. L’identification qu’ils font par rapport aux personnages de fiction de mes romans est parfois très intense. C’est une forme de responsabilité à laquelle je ne m’attendais pas.
5/ Le personnage de roman qui vous a le plus marqué ?
Le Petit Prince : touchant, vibrant, complet. Étonnement moderne.
6/ L’auteur ou autrice qui vous touche le plus ?
Anna Gavalda.
7/ Où et quand préférez-vous lire ?
Le soir quand le calme s’installe.
8/ À qui offrez-vous des livres le plus souvent ?
À ma femme, à ma mère.
9/ Le livre qui a changé votre vie ?
Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part d’Anna Gavalda.
10/ Épilogue : finissez la phrase suivante > La littérature m’émeut…
Elle me permet de m’évader de la folie de notre monde.
📚 Readlist : 3 livres contemplatifs à lire en douceur
Dans le jardin de thé de Manda : pour découvrir l’art de vivre à la japonaise dans un ouvrage poétique délicatement illustré.
Le Livre de la rose d’Alain Baraton : pour profiter d’un moment de calme et de senteurs embaumantes en se plongeant dans l’histoire de “la reine des fleurs”.
Un Balcon en forêt de Julien Gracq : pour se laisser emporter par un roman onirique décrivant la troublante atmosphère de la campagne française au début de la Seconde Guerre Mondiale.
🧠 Les secrets de nos émotions : Pourquoi est-ce si difficile de lâcher prise ?
« Lâcher prise » est une expression en vogue ces dernières années, à tel point qu’elle peut devenir irritante : on nous enjoint régulièrement à nous détacher des situations qui nous font du mal, de nos émotions négatives… Or, nous savons tous que cela n’a rien de facile. Mais pourquoi est-il si difficile de lâcher prise et comment peut-on y arriver en comprenant mieux le fonctionnement de notre cerveau ?
Lorsqu’elles nous envahissent de façon trop intense, nos émotions nous submergent et ont parfois raison de nos réactions et comportement. Quand il s’agit d’une émotion négative, les effets ressentis peuvent être particulièrement désagréables voire incommodants. La peur peut par exemple provoquer de fortes réactions physiologiques telles que des sueurs froides ou des maux de ventre, alors que l’emprise de la colère peut nous pousser à dire et faire des choses que nous regrettons après.
Générées par le système limbique et modérées par le néocortex préfrontal qui gère les différents aspects de notre cognition, les émotions interviennent dans nos prises de décision sous l’influence du cerveau reptilien et du système limbique. Comme l’a montré Antonio Damasio en 1994 dans son incontournable essai L’Erreur de Descartes, émotion et raison sont donc intrinsèquement liées. Mais pour que la prise de décision se fasse dans les meilleures conditions, il nous faut apprendre à réguler nos émotions et à cultiver notre discernement.
Le cerveau reptilien garde en mémoire les réactions émotionnelles associées à certaines situations à la façon d’une empreinte, ce qui tend à nous enfermer dans des réactions qui se répètent automatiquement lorsque nous sommes confrontés à un type de situation que nous avons déjà expérimenté.
Pour lâcher prise et « réinitialiser » notre activité émotionnelle, il faut désactiver les schémas déjà ancrés dans notre cerveau en identifiant l’empreinte émotionnelle de la situation perçue.
Spécialiste de la question, la chercheure Anne-Laure Nouvion rappelle que ce sont nos biais cognitifs qui nous empêchent de prendre du recul sur nos expériences. Si ces derniers permettent au cerveau de traiter rapidement les informations, ils nous enferment dans des schémas de pensée qui font entrave au lâcher prise et au discernement. Les deux principaux biais sont celui de confirmation ‒ on voit ce que l’on croit ‒ et de négativité ‒ on préfère imaginer un danger qui n’existe pas plutôt que d’être pris au dépourvu par un danger réel. Nous devons donc fournir l’effort de traiter les informations que nous recevons en ayant conscience de ces biais pour limiter les réactions néfastes qu’ils peuvent entraîner.
Lâcher prise demande un véritable travail sur soi, mais votre cerveau vous en sera reconnaissant. Certains estiment même qu’y parvenir vous permettra de garder le contrôle. Identifier les émotions que vous ressentez, les accepter, prendre le temps d’écouter votre corps, pratiquer des exercices de respiration et vivre en pleine conscience ne sont pas des recettes miracles mais autant d’outils qui vous aideront à lâcher prise, et ainsi à faire de vos émotions des alliées.
📬 Une histoire : les vacances des écrivains et écrivaines, entre mer et montagne
Si d’aventure vous comptez partir en vacances cet été mais n’êtes pas encore certains de votre destination, pourquoi ne pas vous inspirer de vos écrivains préférés ? Loin de l’image de l’auteur enfermé nuit et jour dans une chambre de bonne parisienne, de nombreux écrivains n’hésitent pas à profiter des vacances pour se ressourcer et puiser de l’inspiration.
Un article de Vanity Fair paru en 2017 le montre, il y en a pour tous les goûts !
La Côte d’Azur et ses nuits folles ont su conquérir les cœurs de Françoise Sagan, Guy de Maupassant ou encore le couple Fitzgerald. Ces derniers y séjournent dans les années 20, et ce lieu va inspirer à Francis Scott Fitzgerald le roman Gatsby le magnifique, devenu l’un des classiques incontournables de la littérature américaine.
D’autres auteurs amateurs de plage préfèrent l’isolement aux fêtes endiablées, comme l’ancien académicien Jean d’Ormesson qui se retirait chaque année en Corse. Sur place, pas question de se tourner les pouces : écriture tous les jours entre six heures et midi, natation dans la Méditerranée et lecture intensive étaient au programme.
La montagne trouve également sa place dans le cœur des écrivains. C’est évidemment le cas pour l’auteur-alpiniste Roger Frison Roche, qui escalada le Mont Blanc pour la première fois à l’âge de quinze ans. Sa passion pour la haute montagne le poussera à écrire ses fameux romans racontant la vie des guides, dans lesquels la vallée de Chamonix occupe une place de choix.
Du côté de la Suède, les petites maisons rouges jonchant les îles de l’archipel de Stockholm sont investies par des autrices comme Astrid Lindgren qui dédie nombre de ses romans aux vacances en bord de mer, aux baignades et aux jeux partagés par les enfants. Les étés dans le golfe de Finlande ont également marqué l’autrice Tove Jansson qui en évoque le souvenir dans son recueil de nouvelles L’Art de voyager léger ou dans son touchant Livre d’un été.
Mer, montagne, mais aussi campagne, lacs… La créativité de celles et ceux qui contemplent le monde et portent un regard personnel sur les paysages qui les entourent est sans limite. Activateurs de souvenirs, inspirateurs d’idées et déclencheurs d’émotions, les lieux fréquentés par les auteurs et autrices à l’occasion de leurs vacances ont exercé une influence majeure sur leur écriture et sont souvent au cœur de textes puissants.
📜 Citation(s)
« La douceur de vivre est l'avancée d'une vie éternelle dans la vie d’aujourd'hui. » Christian Bobin
« L’été arrive, et la vie devient facile. » Victor Hugo
« Tout ce qui vaut le coup vaut la peine d’être fait lentement. » Mae West
✨ Actualités de Love for Livres et des livres
Love for Livres Academy : rejoignez-nous pour vous former à la bibliothérapie !
De nouvelles dates sont disponibles (8 ou 9 juin à 9h15, 16 juin à 17h, 21 juin à 11h30) pour participer à une session de présentation de 30 minutes sans engagement du programme de formation Love for Livres Academy !
La bibliothérapie est une pratique innovante d’accompagnement et du prendre soin par les livres en plein essor. Elle répond à un besoin d’amélioration du bien-être personnel et professionnel de chacun.e d’entre nous, au travail ou dans notre vie privée. À partir de plus de 150 ateliers dans 7 pays européens et grâce à notre équipe formée aux sciences cognitives et à la littérature, nous vous avons concocté un programme complet, avec un peu de théorie indispensable et surtout beaucoup de pratique pour vous lancer en toute sérénité !
RH, soignants, coachs, aidants, éducateurs, cette formation vous apportera un outil créatif original et efficace pour prendre soin de vos publics.
Inscrivez-vous ici pour découvrir nos 3 parcours de formation, échanger avec des pairs et poser toutes vos questions. La première cohorte de formation a débuté le 1er juin ; la prochaine commencera le 3 juillet. On vous attend !
Entreprises, goûtez à nos parcours de lecture pour renforcer le bien-être et l’engagement de vos équipes
Après cette tribune publiée par Céline Mas, cofondatrice de Love for Livres, nous développons nos offres pour les entreprises : des parcours de lecture sur mesure, en particulier pour les managers.
De quoi ces parcours sont-ils constitués ?
De bibliothèques à thèmes pour les équipes en fonction de l’activité de l’entreprise.
D’un moteur de recherche des livres par les émotions destiné aux salariés.
D’ateliers ou programmes de bibliothérapie sur les soft skills. Combinant sciences cognitives et littérature, ces formations permettent de progresser sur des sujets clés pour une vie au travail plus efficace et plus épanouie d’une manière inédite.
Des conseils de lecture personnalisés pour les apprenants.
Des clubs de lecture adaptés au contexte de l’entreprise.
Dans un monde dans lequel le sens au travail est la quête partagée et le management souvent décrié, la lecture est un levier imaginatif et utile.
🎁 Bonus : nous offrons des livres soigneusement choisis pour chaque participant, livres à partager avec des collègues mais aussi avec sa famille. La boucle est bouclée !
Ce mois-ci, nous lançons nos premiers webinaires sur ces parcours. Le thème du mois du juin : « Manager avec les émotions » !
Pour plus d’informations, contactez-nous : contact@loveforlivres.com
Love for Livres chez Cultura !
Love for Livres a eu la chance d’intervenir chez Cultura en cette fin de mai pour partager une formation sur le lâcher-prise avec les Directeurs et Directrices de magasins et des chefs de secteur.
Dans une ambiance à la fois conviviale et studieuse, nous avons pu aborder le lâcher-prise au travail, ses composantes et des outils concrets pour l’activer. Les livres et les sciences cognitives ont soutenu les échanges de grande qualité avec des participant.e.s très concerné.e.s, authentiques et désireux.ses de progresser dans leurs réflexes professionnels.
En prime, près de la salle de formation au coeur du Campus de Cultura était la bibliothèque du leadership designée et garnie par nos soins !
Le retour du festival du livre Jeunesse Partir en livre !
Du 22 juin au 23 juillet aura lieu la 9e édition du festival du livre jeunesse Partir en Livre. Cette année, le thème est « La liberté » ! Organisé par le Centre National du Livre, ce festival propose des animations destinées aux enfants et adolescents dans toute la France. Au programme : des expositions, des ateliers, des jeux, des rencontres avec les auteurs et illustrateurs…
Si vous souhaitez trouver des évènements près de chez vous et concevoir votre programme, c’est par ici !
La bibliothérapie à l’honneur à San Francisco
C’est le département de la santé publique de San Francisco qui le dit : « Lire peut être une forme de thérapie ! » Comme cette organisation le rappelle, la bibliothérapie a de nombreux bienfaits :
Elle aide à réduire le stress
Elle ralentit le déclin cognitif
Elle améliore le sommeil
Alors n’hésitez plus et lancez-vous !
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